Remise en cause aux USA et au UK
Depuis la rentrée, les articles sur la remise en cause du télétravail se multiplient. Leurs sources sont diverses, mais globalement anglo-saxonnes. On y cite des noms d’entreprises connues comme Tesla ou Disney, mais aussi des entreprises de la Tech comme Google, Snap, Uber, ChatGPT ou Zoom. Les employeurs invoquent le travail en équipe, le réseau, la créativité, le lien social tout en pensant fortement à la productivité, voulant de nouveau pouvoir contrôler de visu le temps de travail de leurs salariés. Certaines banques en Grande Bretagne souhaitent mettre en place des moyens de contrôle intrusifs (comme le balayage des données par personne/jour/lieu), comme en France dans le secteur bancaire par exemple.
Et en France ?
Le télétravail est encore peu entré dans les mœurs. C’est le constat d’une étude de l’institut économique allemand Ifo et d’EconPol Europe, tout juste publiée.
Selon ce document, en moyenne, les Français télétravaillent 0,6 jour par semaine, contre 0,9 jour pour les 34 grands pays industrialisés étudiés (l’étude a été réalisée entre avril et mai 2023 auprès de 42 000 travailleurs dans le monde, dont 2 500 en France). Cela place la France parmi les derniers mondiaux : viennent après elle la Grèce (0,5), le Japon (0,5) et la Corée du Sud (0,4). A l’inverse, en tête du peloton, on trouve le Canada (1,7), le Royaume-Uni (1,5), les Etats-Unis (1,4) et l’Australie (1,3).
« Nous relevons […] un écart entre le nombre de journées en télétravail souhaité par les salariés et le quota prévu par les employeurs », indique Mathias Dolls, directeur adjoint du Centre Ifo d’enquêtes et de recherches en macroéconomie, dans un communiqué, relate Le Figaro. Ainsi, de nombreux salariés dans les pays anglo-saxons, latino-américains, ou bien en Turquie, en Afrique du Sud et à Singapour souhaiteraient télétravailler 2,5 jours par semaine.
La France est un cas frappant : les salariés aimeraient être en télétravail 1,4 jour par semaine… mais la culture du présentiel semble encore fortement installée chez les employeurs. En moyenne, les employeurs français ne seraient prêts à accorder que 0,72 jour de télétravail hebdomadaire.
Pour les salariés, selon l’étude, le télétravail reste bénéfique : le gain de temps sur le transport est l’avantage le plus cité (60 %), suivi par les économies sur les frais de carburants et de repas (44 %), puis la flexibilité des horaires (42 %).
Reste que le présentiel n’a pas que des défauts, selon les travailleurs interrogés : il est facteur de socialisation avec les collègues (62 %), de meilleures conditions de travail en équipe (54 %), ou encore d’une meilleure séparation entre vie professionnelle et vie privée (43 %).
De leur côté, les entreprises de la tech, pionnières du télétravail, exigent désormais un certain retour au bureau.
Et dans l’UES Capgemini ?
Nous avons négocié de bons accords en Sept 2021 (télétravail en France métropolitaine) et Déc 2022 (télétravail dans les DROM-COM et à l’étranger). Ils correspondent bien à la culture de notre entreprise et à notre “business model”. La CFTC s’attache à les défendre et à les améliorer. Les sujets d’amélioration sont nombreux: rythme et charge de travail, respect des temps de pause, vigilance contre l’isolement, la sédentarité, identification des risques psychosociaux, meilleure indemnisation, plus d’équipements mis à disposition gratuitement….
Quelques chiffres – un télétravail massif à Capgemini
- 94% des salariés de l’UES Capgemini disposent d’un avenant télétravail (95% de femmes et 93% d’hommes) pour un volume moyen de télétravail estimé à 45%.
- 81% des salariés télétravailleurs demandent l’indemnité afférentes sur MyConnect.
- Moins de 50% des télétravailleurs ont réalisé les modules de formation obligatoires « gestes et postures » et « droit à la déconnexion ».
122 suspensions d’avenants télétravail ont été appliquées depuis le lancement de l’accord en France Métropolitaine, 2 réversibilités identifiées et aucun recours auprès des commissions de conciliation.
En résumé : la France a du retard sur les autres pays développés. Nous avons réussi à Capgemini à négocier deux bons accords, efficaces et très largement déployés. A nous de les améliorer encore. Faites nous part de vos idées et réclamations !
Crédit photo : FreePik