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« Un idiot dans la ville » : un livre recommandé

Reprendre sa vie après et retravailler après un AVC, le parcours exemplaire de Pierre de La Coste

Que se passe t-il lorsqu’un écrivain, un journaliste, une plume qui a conseillé des ministres, et dont le dernier poste est “expert en formulation message R&D chez Orange Lab” subit un AVC en pleine réunion de travail ? Pierre de La Coste raconte dans « Un Idiot dans la ville », un récit mêlant fiction et réalité, son parcours après ce qu’il a nommé cette “attaque de Mammouth”. Le Lien est allé à sa rencontre.

Bonjour Pierre, je peux t’appeler Pierre ?

Bien sûr, entre collègues CFTC, on peut se tutoyer ! Je dis collègue, car je suis adhérent à la CFTC, et que j’y fais référence dans mon livre, page 161… J’ai fait une tentative de suicide à mon retour d’AVC, chez Orange (que j’ai appelé Lemon dans mon livre), et j’ai été soutenu par Karim Matri de la CFTC.

 Que penses-tu de la CFTC comme syndicat ?

Comme beaucoup de cadres supérieurs, je m’intéressais peu au syndicalisme. J’ai découvert le syndicalisme tardivement, à 50 ans. Le C de chrétien m’a inspiré et j’ai rencontré des personnes qui m’ont donné envie de m’investir. Nous avons de plus en plus besoin de syndicats et de donner de l’humanité à des relations de plus en plus inhumaines.

Après cet AVC, comment vas-tu ?

Quatre ans après cet AVC, j’ai toujours des problèmes physiques, même si j’ai été très bien soigné dans de très bons établissements. J’ai choisi la forme du roman pour évoquer ces troubles persistants.

Tes premiers mots dans ce livre sont « Je ne sais plus lire, je ne sais plus écrire. » En tant qu’écrivain cela doit être particulièrement difficile ?

C’est une horreur quand tu t’aperçois que tu dois réapprendre à penser. Je suis devenu un “idiot”, j’ai perdu mon cerveau. Il faut récupérer la mémoire, c’est un travail incroyable, que je dois faire tous les jours.

Quel message voudrais-tu faire passer pour aider les personnes victimes d’un tel traumatisme ?

Dans les entreprises, les handicaps physiques sont pris en charge. Mais, avec les progrès de la médecine, de nouveaux handicaps psychiques, intellectuels sont apparus, qui sont peut-être encore plus invalidants et plus difficiles à traiter. Les entreprises délèguent à la sécurité sociale la prise en charge de ces salariés victimes de burn-out, d’AVC… C’est trop facile : les employeurs doivent prendre leurs responsabilités et réintégrer à 100% la personne atteinte d’un tel handicap. Et jouer un rôle dans la réhabilitation de l’intelligence des personnes.

Cet AVC, qui t’a fait perdre une partie de ta mémoire, t’a donné le temps de réfléchir sur le monde d’aujourd’hui. Quelle est ta vision de notre société actuelle, du monde du travail et du monde syndical ?

Ce qui me frappe, ce sont les progrès extraordinaires de la médecine vu, qu’aujourd’hui, je suis encore vivant. Mais comment survivre à ces progrès gigantesques ? Désormais, nous oublions que nous sommes mortels, nous courrons après n’importe quoi. Il est temps de se reposer la question de l’essence de la vie, de notre raison d’être. Les choses s’aggravent dans les grandes entreprises, la mondialisation hyper concurrentielle est terrible. La gestion des directions des relations humaines par l’intelligence artificielle est particulièrement préoccupante, le côté humain étant primordial. Évitons que cela devienne la “direction des ressources inhumaines”, et ça c’est le rôle essentiel des syndicats…

Un Idiot dans la ville de Pierre de La Coste. Éditions Persée 2021, 19,90€

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